Williwaw, nous t’avons enfin trouvé !
Nous avons mis plus de 8 mois à trouver la perle rare ! Ce bâtiment qui remplirait à la fois des conditions indispensables à une navigation hauturière, qui soit confortable pour y vivre à plusieurs et ce pendant plusieurs années, qui soit robuste et disposé à traverser les mers les plus dures, et autant que possible, offrant des performances de navigations raisonnables. Ceci bien évidemment avec un budget ridicule !
8 mois, donc, à écumer les sites internet de vente d’occasion français mais aussi européens et mondiaux, les forums de vieux marins où s’échangent tous les bon filons, à appeler les marinas de toutes les grandes villes portuaires et des plus petites aussi, à scruter les ventes aux enchères judiciaires, dans le cas où les propriétaires, ruinés, ne peuvent plus s’occuper de leur navire. Nos boîtes mails recevaient quotidiennement des dizaines d’offres, mais jamais aucune ne remplissait tout à fait nos critères, disons « acceptables ».
Jusqu’au jour où, je me souviens un vendredi matin de Juillet, mon frère Nicolas m’envoie une annonce des plus intéressantes. Joli sloop de 77, tout équipé, en excellent état, basé dans le sud de la France pour un prix défiant toute concurrence. L’annonce venait de paraître sur l’un des sites que nous surveillons depuis des mois, ne délivrant alors que des bâtiments hors de prix. L’offre en était presque trop belle, mais il nous fallait en savoir plus. Heureusement, un parent, expert maritime travaillant sur la côte d’azur, accepta d’aller vérifier la véracité de cette occasion « en or ». Verdict, l’offre en l’état est bien réelle, et de surcroît le broker s’occupant de la vente est une bonne connaissance de notre expert. Quelle chance, nous pourrons sûrement en bénéficier.
Le rapport de l’expert est donc formel, il ne faut pas laisser passer une telle occasion. D’ailleurs le bateau sera surement vendu dans le weekend. Il n’en aura pas fallu plus pour que je me décide à descendre.
Le lendemain matin, 11h30, je suis à bord en compagnie de notre cousin, Thomas, et du propriétaire, et nous sommes directement séduits pas le bateau. Plus que son équipement ultra complet et un entretien digne des conservateurs de musées, c’est avant tout une âme présente dans chaque boiserie, chaque placard, chaque instrument, chaque cabine et surtout ce propriétaire octogénaire, qui parait ne pas avoir subi les effets du temps, chaque fois qu’il était à bord. Et cet homme-là, depuis l’achat de son bateau, y montait tous les jours, sans exceptions, depuis 20 ans.
Bref, nous sommes tombés amoureux, le vieux Jeannot également de notre enthousiasme, et le lendemain, après une journée passée en mer avec notre expert et Jeannot le propriétaire, nous signons finalement cette promesse de vente qui allait changer le court de notre vie.
Ah ! Oui, j’omettais de préciser une chose : Au tout début de notre projet, nous avions déjà choisi le nom que porterait notre navire, ce serait Williwaw, en l’honneur d’un vent bien connu des navigateurs de la Terre de Feu et d’Alaska mais également en hommage à ceux qui l’ont mainte fois combattu. En effet, le Williwaw est un vent froid d’une grande violence, qui descend des montagnes jusqu’à la mer, pouvant aisément vous coucher un bateau de petit tonnage même à sec de toile. Et bien c’est avec la plus grande des surprises, et pour ne pas vous le cacher, un peu de superstition, que nous avons découvert que ce navire qui nous attendait, qui nous était destiné, s’appelait déjà WILLIWAW !!!