Si les routes pour réaliser le tour du monde sont nombreuses, voire infinies, lorsqu’on choisit de le faire en bateau, la nature et ses éléments nous imposent alors de suivre ce que nous pourrons appeler des voies naturelles. Celles-ci sont déterminées par les vents et les courants dominants, et bien évidemment par le tracé des continents. Notre route, nous l’avons donc définie en suivant cet instinct naturel afin de profiter au mieux des ressources que nous offre la nature.
Mais notre route nous l’avons aussi et surtout tracé par rapport à des chiffres. Des chiffres maudits, fournis par des études pénibles et angoissantes, qu’ont eu le courage de réaliser les plus grandes ONG humanitaires comme l’OMS ou l’UNICEF, et ce, grâce à l’aide d’ONG locales moins connues mais indispensables pour recueillir ce genre de données. Études pénibles et pourtant essentielles car elles nous font enfin ouvrir les yeux sur une révoltante réalité de notre monde : la moitié de l’humanité n’a pas accès à une eau potable.
C’est donc en ciblant les pays dont la situation s’avère la plus alarmante et qui sont aisément accessibles en bateau que nous avons sélectionné nos escales et ainsi dessiné notre feuille de route.
Partant de Toulon, en Méditerranée, nous effectuerons notre première mission au Maroc, qui, bien que proche de nos frontières, demeurent un pays où les inégalités font rage et où le manque d’eau fait de nombreuses victimes chaque année.
Vient ensuite la mythique traversée de l’Atlantique, cette même route empruntée il y a plusieurs siècles par Christophe Colomb et des milliers après lui. La transatlantique nous ouvrira les portes de l’Amérique Centrale où les problèmes d’accès à l’eau potable touchent de nombreux pays. Nous tenterons notamment d’apporter notre aide en République Dominicaine, à Haïti, au Honduras et au Nicaragua.
Nécessaire ensuite, pour rejoindre le plus grand océan du monde, nous traverserons le canal de Panama à la fin du mois de mars 2016.
Après avoir traversé le canal, nous rejoindrons les côtes de la Colombie puis de l’Équateur. Comme beaucoup de pays d’Amérique du Sud, ces derniers demeurent très pauvres et la situation de l’eau reste alarmante. Un court arrêt aux iles Galápagos puis nous nous engagerons enfin dans cet océan immense qu’est le Pacifique.
Nous espérons que ce nom nous porte chance durant toute la traversée car la destination suivante est à plus d’un mois de navigation, et une fois au milieu de l’océan il est difficile d’envisager quelconque assistance.
Dans le grand Pacifique, nous ciblerons nos actions à Tahiti, Tokelau, aux îles Fidji et aux Vanuatu, où les installations sanitaires souvent précaires sont une menace quotidienne pour les populations les plus pauvres.
Les conditions de navigation étant très dangereuses entre la période de Novembre à Mai, période des tempêtes tropicales dans l’ouest Pacifique et l’Océan Indien, il nous faudra marquer un temps d’arrêt entre les Fidji et notre remontée vers l’Indonésie. Nous avons donc décidé de descendre jusqu’en Nouvelle Zélande où les infrastructures navales, médicales et autres sont d’excellente qualité. Il nous sera même possible d’y travailler un peu pour remplir la caisse de bord si besoin.
Nous en profiterons surtout pour faire un point sur nos premières actions, nous ravitailler en filtres et préparer les futures missions de Sail for Water. Il est en effet difficile de prévoir avec précisions, des actions qui ne se dérouleront que dans deux ans. Il s’agira notamment de reprendre contact avec les autorités et ONGs locales pour préparer notre arrivée et organiser nos interventions sur le plan logistique.
Nous amorcerons notre remontée vers les Vanuatu en Mars 2017, avec un arrêt de courte durée en Nouvelle Calédonie. Suivent la Papouasie, Le Timor-Leste et l’Indonésie qui figurent parmi nos destinations prioritaires tant les problèmes d’accès à de l’eau potable sont importants.
La traversée de l’Océan Indien se fera sur le mois de Septembre 2017 pour nous mener à Madagascar, île merveilleuse où la pauvreté contraste tristement avec les paysages de rêves et une population toujours souriante. Une action d’envergure y est également prévue.
Nous entamerons finalement notre dernière portion de voyage en passant par le Mozambique, l’Afrique du Sud et la Namibie, avant de remonter jusqu’au Sénégal et la Mauritanie, ultimes interventions précédant le grand retour.
Est-il nécessaire de préciser à quel point l’Afrique est en situation d’urgence vis-à-vis de l’eau potable ?
Le Williwaw jettera l’ancre à Toulon à l’été 2018, en attendant son prochain appareillage pour de nouvelles missions Sail For Water.